Bordeaux; Projet Darwin: Sur plus de 3 hectares d’anciennes friches militaires

http://www.sudouest.fr/
par Julien Rousset
Publié le 24/06/2013

Commentaire: Petit tour par Bordeaux juste pour alimenter la réflexion de nos élus (es) du Grand Langres sur la nouvelle destination des casernes, fermées en 2015. 


Pour en savoir plus: http://darwin.camp/

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Jean-Marc Gancille et Philippe Barre dans l’un des espaces de travail partagé de l’écosystème Darwin. © PHOTO STÉPHANE LARTIGUE


DARWIN est un lieu bordelais alternatif dédié au développement économique responsable, à l’entrepreneuriat social, à la transition écologique et à l’activisme citoyen.

Sur plus de 3 hectares d’anciennes friches militaires en cœur de Bordeaux, DARWIN organise la collaboration entre les acteurs du territoire contribuant à la transition vers des modèles de société plus coopératifs et résilients.

Lieu de co-working, restaurant et épicerie bio, espaces associatifs, site permanent d’événements réflexifs et festifs,… DARWIN accueille chaque jour plus d’un millier de personnes !


Le projet Darwin, une ruche dédiée aux activités écocréatives, est en plein essor. Les critiques aussi se répandent. Ses patrons répondent.

«Quand vous voulez. On n’a rien à cacher. » La réponse tombe illico après notre demande d’interview, la proposition étant de ne parler « que des sujets qui fâchent ». Ainsi sont les porteurs du projet Darwin, Philippe Barre et Jean-Marc Gancille : directs, intrépides, sûrs de leur fait (et doués pour la com).

Les deux compères ont de quoi avoir une certaine assurance. Lancé en 2008, le projet Darwin, une sorte de biotope destiné aux entrepreneurs « verts et créatifs », émerge à une vitesse impressionnante sur les ruines de l’ancienne caserne Niel, quai des Queyries.

Cette ruche est bâtie sur quatre piliers : coopération et mutualisation (52 organisations, soit 200 salariés, voisinent sous les toits de Darwin), gouvernance collective (à travers une association de locataires, Les Darwiniens), transition écologique (climatisation naturelle, récupération des eaux pluviales, tri des déchets…), et innovation.

Ce projet rondement mené est souvent cité en exemple. Il est aussi la cible de critiques feutrées mais récurrentes. Philippe Barre, patron d’Évolution, la société mère de Darwin, et Jean-Marc Gancille, directeur du développement durable, ont répondu point par point à ces bémols.

« La CUB a cédé le terrain aux promoteurs de Darwin à un prix très inférieur au marché. C’est un cadeau injustifié, aux frais du contribuable ».

En décembre 2009, au terme d’âpres négociations, la Communauté urbaine vend aux promoteurs de Darwin cette parcelle de 10 000 mètres carrés, une partie de l’ancienne caserne Niel, pour 1,3 million d’euros. À l'’époque, ce montant fait tousser dans les couloirs de la Ville de Bordeaux ou de la CUB. Ce terrain, appelé à un fort développement, ne vaut-il pas davantage ? D’'ailleurs, les Domaines l'’ont estimé à 2 millions d’euros.

Vincent Feltesse et Alain Juppé, ont choisi de céder le site à un prix avantageux pour donner un coup de pouce à ce projet, qu’ils soutiennent à l’'unisson. Philippe Barre et Jean-Marc Gancille estiment que cet appui n'’est en rien usurpé. « Ce site était complètement en friche, squatté, dégradé, pollué depuis des années… C'’est nous qui l'’avons valorisé, qui avons payé la dépollution, qui en avons fait un lieu si attractif. Aujourd’hui, Darwin est un élément à part entière du projet urbain. Nous recevons deux ou trois délégations par semaine, qui viennent d’autres villes ou de l’'étranger. Nous participons, bénévolement, au rayonnement de Bordeaux ; on en est heureux d'’ailleurs ».

« Darwin est un projet faussement écologique, indirectement financé par des grands groupes pas vraiment écolos. »

Au tout départ de la genèse de Darwin, il y a Inoxia, agence de marketing créatif créée en 1995. Jean-Marc Gancille et Philippe Barre en sont les piliers. En 2005, Philippe Barre fonde le groupe Évolution, un incubateur de projets centrés sur le développement durable. Ce groupe Évolution est le maître d’ouvrage de Darwin, et Inoxia en est une filiale - Évolution y est actionnaire majoritaire.

Inoxia compte aujourd’hui 25 salariés et travaille pour des collectivités locales, des PME, mais aussi pour des groupes qui n'’incarnent pas forcément la sobriété écologique, tels que Leclerc ou Bouygues. D'’où le grief du double discours. Philippe Barre et Jean-Marc Gancille assument ces contradictions, et ils n'’ont pas de complexe par rapport à l'’enjeu financier. « Oui c’est un projet un peu schizophrène, nous ne sommes pas des chevaliers blancs, certaines contradictions sont parfois inévitables pour faire avancer les choses. Aucune agence de communication de 25 personnes ne peut travailler qu’'avec des clients “verts”, ce n’est pas viable. Nous bossons avec des groupes dont le rapport à l’'environnement change, et nous espérons contribuer à cette prise de conscience ».

Les patrons de Darwin se sentent proches de Nicolas Hulot et de son pragmatisme. « Nous ne sommes pas des adeptes de ‘‘la croissance verte”, mais d’une décroissance et d’une croissance sélectives : il faut croître sur certains principes qui sont créateurs de richesse, comme les énergies renouvelables, et décroître sur d’'autres, comme les avions, l'’industrie de la viande… »

« Darwin a des relations ambiguës avec les élus de la mairie et de la CUB. »

« Gancille roule pour Feltesse, Barre pour Juppé. Bien joué ! ». Voilà ce qu’on entend au sujet des deux capitaines de Darwin. Jean-Marc Gancille est en effet plutôt classé à gauche. Quant à Philippe Barre, il est parfois consulté par Alain Juppé, très ponctuellement, sur des questions de communication, et c'’est Inoxia qui s’occupe, sur le plan technique uniquement, du blog du maire de Bordeaux.

Les deux hommes protestent toutefois de leur indépendance : « On peut avoir des préférences individuelles, mais ça n'’entre pas en compte dans notre conduite du projet, nous ne sommes encartés nulle part ». « Je me sens proche d'’Éva Joly, de Michel Rocard, je respecte énormément Alain Juppé, mais je ne suis pas dans les réseaux UMP… et je ne pense pas qu'’on m’y apprécie, souligne Philippe Barre. Notre projet Darwin est éminemment politique, citoyen, mais pas partisan. »

Soutenus par Vincent Feltesse et Alain Juppé, les deux mousquetaires de Darwin ont des relations plus délicates avec les services des collectivités, qui ne goûtent pas toujours leurs manières de flibustier. Leur assurance passe pour de l’'arrogance. « On sent des réticences dans l’'administration, où persiste l'’idée, archaïque selon nous, que des entrepreneurs privés ne peuvent pas participer à l'’action publique. »

« Darwin occupe et anime une partie de l'’ex-caserne Niel sans autorisation »

C’est la vérité. Philippe Barre et Jean-Marc Gancille jugent ce pas de côté avec la réglementation nécessaire pour lever des blocages. « Nous avons une convention d’'occupation temporaire. En revanche, nous n'’avons pas les autorisations de sécurité pour plusieurs activités, comme le skate park ou des réunions sous la halle. Si un gamin se blesse, on peut être poursuivi ! Mais c’'est une façon pour nous d’aller de l’'avant, c’'est de la transgression positive. Nous renversons la chronologie habituelle : on occupe un lieu, on le fait vivre de manière intéressante et authentique, et les autorisations finissent par arriver. C’est un peu ce qui s’est passé au début au Garage moderne. Ou à Berlin à une époque ».

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